Bilan, avec Charles Philipponnat
Comment s’est déroulée la vendange 2024 ?
Nous avons débuté les vendanges à la mi-septembre, plus tardivement que ce que nous avions initialement imaginé, car nous avons dû attendre que les raisins aient atteint leur pleine maturité, particulièrement là où les vignes étaient plus chargées, dans les parcelles de Chardonnay. Heureusement, le beau temps est arrivé début septembre, et a continué pendant la vendange. Les gelées printanières de mai, la floraison inégale de juin et les précipitations deux à trois fois supérieures à la moyenne de l’été n’ont pas affecté la qualité du raisin. Au contraire même, et nous sommes très optimistes sur la qualité des futurs vins de l’année ! Toutefois, cela a créé un terrain propice au mildiou. Dans les vignobles Philipponnat, de strictes méthodes de biocontrôle sont appliquées, et elles ont été efficaces. Pour autant, nous avons dû recourir en juillet à quelques traitements conventionnels pour éviter que les pertes ne dépassent 40%. Notre objectif reste d’obtenir des raisins de qualité pour élaborer des vins, et de bons vins. L’été extrêmement humide nous a demandé énormément d’efforts, et nous a obligé à une extrême réactivité. Rétrospectivement, nous avons fait les bons choix, puisque la qualité des raisins est au rendez-vous.
Est-elle très différente de la vendange de l’année précédente ?
C’est sans comparaison ! En 2023, la vendange était inégale : l’excellent rendement a permis de pallier la récolte affectée par la pourriture grise. En 2024, nous avons presque totalement pu éviter de trier des grappes à la cueillette grâce à leur belle qualité et maturité. Les raisins sont sains et présentent un niveau d’acide malique élevé, gage de fraîcheur pour les vins qui finissent de fermenter ces jours-ci. Inhabituellement, le Chardonnay a mûri cette année plus tard que le Pinot Noir. Les raisins noirs au contraire, quoique plus affectés par les aléas climatiques durant la saison culturale, se sont mieux comportés jusqu’aux vendanges, même si les grappes allégées par la coulure étaient plus petites. Cependant, c’est cette perte de rendement qui a permis de récolter des raisins plus mûrs et plus sains, qui devraient donner de très beaux vins : denses, intenses et droits.
Que révèlent les premières dégustations ?
2024 sera sans doute un millésime à la fois mûr et vif. De prime abord, nous avons perçu un potentiel similaire à ceux de 2012 ou 2016. Mais si in fine, la concentration et l’ensoleillement rapprochent 2024 de ces millésimes riches, leur acidité assez ferme ressemble à celle du millésime 2013. Il est encore trop tôt pour se prononcer sur le résultat final, mais c’est une année prometteuse. Je suis très optimiste pour les futures dégustations de vins clairs, qui interviendront à partir du début de l’année prochaine. À suivre !