Rencontre avec Pierre-Louis Martin,
Responsable Vignoble et Approvisionnements
Vous avez rejoint la Maison Philipponnat il y a quelques mois. Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?
Ma rencontre avec la Maison, c’est avant tout une rencontre avec Charles Philipponnat. Nous avons une vision commune de l’agriculture. Nous nous retrouvons sur l’envie d’exprimer au mieux les terroirs Champenois et de les retranscrire dans les vins, dans un contexte très qualitatif et respectueux de l’environnement.
Depuis le début de ma carrière, c’est la notion de millésime dans les vins, et le respect terroir qui m’animent. Ces deux notions sont très présentes chez Philipponnat. La mise en avant du millésime de base dans les assemblages, et la palette large de cuvées millésimées, du Clos des Goisses aux cuvées parcellaires, en sont un exemple.
Chez Philipponnat, j’ai découvert un vignoble respectueux de l’environnement, aux pratiques raisonnées et vertueuses. Cette philosophie se traduit dans les pratiques culturales au niveau des sols, de l’enherbement, des engrais verts. Cela m’a conforté dans mon choix de rejoindre la Maison : pour y partager une vision commune, au service du terroir et du travail du vigneron.
Quels sont vos projets pour continuer à développer et faire progresser le vignoble Philipponnat ?
Conjointement avec les équipes, nous souhaitons continuer de porter une réflexion pertinente sur l’environnement… et agir. Nous faisons le choix de pratiques vertueuses en termes d’agronomie : intensification du labour à cheval, utilisation de substances naturelles, soin de la vigne avec des plantes, mise en place de cahiers des charges environnementaux. Nous utilisons des produits biocontrôle, des tisanes, en suivant des préceptes de la biodynamie. Nous réfléchissons à toutes les meilleures solutions naturelles pour améliorer continuellement notre vignoble.
Nous souhaitons aussi aller plus loin sur l’itinéraire technique, notamment sur la protection du vignoble. La sélection massale fait aussi partie de nos objectifs : sélectionner les meilleurs individus dans nos parcelles pour créer notre propre sélection de vignes, qui soit le plus adaptée à nos terroirs et à nos attentes qualitatives et organoleptiques. Nous avons opté pour une taille non mutilante sur les pieds de vigne, qui nous permet de pérenniser notre outil de travail. Nous travaillons avec des pépiniéristes qui se placent dans la même optique pour le renouvellement du vignoble, qui pratiquent uniquement des greffe manuelles, artisanales, ce qui reflète bien la philosophie Philipponnat.
La dimension sociale ne doit pas être en reste. Nous continuons à former nos équipes pour développer leurs compétences, pour qu’elles soient plus performantes mais surtout concernées et proactives. Le métier de vigneron est difficile, il est primordial d’accompagner les femmes et les hommes dans leur quotidien, de créer de la cohésion. Nous partageons un métier de passion, nous aimons travailler en pleine nature, et c’est gratifiant de voir que notre implication est utile, de voir le résultat final sur une année. Il me semble important que chacun puisse vivre cette passion dans les meilleures conditions.
Quel(s) soin(s) particuliers(s) apportez-vous au vignoble à cette période de l’année ?
Nous terminons la période de taille, qui permet de réguler la charge sur les pieds de vigne. En parallèle, nous commençons les opérations de liage sur les fils pour palisser la vigne. Et nous réparons tout ce qui a besoin de l’être. Dès le début du printemps, nous effectuerons de nouvelles plantations, avec des sélections massales venues de Bourgogne. Pour cela, le travail du sol commence dès à présent. L’hiver fut plutôt sec, avec des températures finalement assez fraîches. À l’heure où je vous parle, la vigne n’est pas encore repartie, ce qui est très bien : nous sommes dans la norme du cycle végétatif, cela devrait nous préserver des gelées du printemps.
Un terroir coup de cœur ?
Naturellement, je suis curieux du Clos des Goisses. Un vignoble aussi préservé, avec une très bonne exposition, qui est cultivé comme un jardin, mais avec des pentes aussi fortes, il faut savoir le cultiver au mieux. Cela m’intrigue, et je suis impatient de découvrir son évolution mois après mois, saison après saison.