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Rencontre avec Thierry Garnier, Chef de Caves, acteur du renouvellement constant et de la qualité des Champagnes Philipponnat
Thierry, vous êtes Chef de Caves chez Philipponnat depuis août 1993 : vous avez fêté récemment vos trente années de Maison. Qu’est-ce que cela vous évoque ?
Cela m’évoque une certaine fierté, une forme de reconnaissance de qualités professionnelles qui font écho à la vision et aux Champagnes de la Maison Philipponnat. Ce n’est pas une fierté personnelle, c’est un travail d’équipe dont on voit éclore les résultats au fil des ans : la qualité de nos Champagnes est de plus en plus reconnue, comme en témoigne le dernier article de la Revue des Vins de France qui met Philipponnat à l’honneur. Au fil des ans, depuis mon arrivée chez Philipponnat alors que j’avais à peine 30 ans, j’ai pu contribuer à faire évoluer nos techniques d’élaboration, la création de nouvelles cuvées, l’amélioration de cuvées plus anciennes… Même après trente ans, on ne voit pas deux fois le même millésime, c’est quelque chose d’extraordinaire !
Comment parvenez-vous à maintenir le style distinctif de Philipponnat tout en restant innovant, aussi bien dans les cuvées historiques que dans les plus récemment créées ?
Toutes nos actions sont guidées par une quête constante de perfectionnement, et cela se traduit dans l’intégralité de nos cuvées. La Maison cherche à exprimer la singularité de ses terroirs, et chaque cuvée est élaborée pour refléter la richesse de la région champenoise et le savoir-faire, l’expertise de la Maison. Dans une Maison de plus de 500 ans, on innove constamment : les Champagnes élaborés à la création de la Maison n’ont rien à voir avec ceux d’aujourd’hui. Ce qui les lie, c’est ce souci de la qualité et l’esprit d’innovation de la Maison. Par exemple, depuis que je suis arrivée chez Philipponnat, nous avons créé la cuvée Blanc de Noirs. L’idée était de sublimer le Pinot Noir, initialement utilisé en assemblage pour d’autres cuvées, car il a tant à raconter avec ses arômes et ses notes uniques. Ce sont les mêmes raisins, mais leur utilisation est différente et évolue avec le temps. Mais l’innovation ne se fait pas que par la création, c’est aussi de l’amélioration : notre Royale Réserve Brut non millésimé a gagné en structure et en complexité aromatique, parce qu’on a un jour pris le risque d’élaborer un vin sans fermentation malolactique avant l’assemblage pour conserver une certaine fraîcheur, tout en introduisant une vinification sous bois qui apporte une belle structure en bouche. L’art du Champagne Philipponnat, c’est une évolution constante, pas une révolution.
« En mouvement perpétuel », ainsi se définit la Maison Philipponnat. Comment cela vient s’illustrer dans votre rôle au quotidien ?
C’est la nécessité d’être en constante adaptation, chaque jour, dans les vignes comme en caves. Les 500 prochaines années ne ressembleront en rien aux 500 années passées. Dans trente ans, déjà, ce sera très différent. Il faut avancer avec les problématiques climatiques et sociales. Les façons de travailler vont évoluer, et notre capacité à maîtriser ce changement est probablement notre plus grand défi à venir.
Notre rapport au temps est « à contre-temps », si j’ose dire, de la société actuelle. Pour nos Champagnes, il faut a minima trois à quatre ans de travail pour une cuvée, il n’y a pas d’immédiateté. Nous sommes dans un temps long. Il faut donc anticiper et toujours s’adapter.
